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  • Photo du rédacteurKatia H

La part de l'autre d'Eric-Emmanuel Schmitt

J'ai toujours regardé Eric-Emmanuel Schmitt comme une bête curieuse et peu accessible. Un auteur français devenu belge sûrement pour des raisons fiscales...

C'est en tout cas ce que les journalistes nous ont vendu. Oui, j'en conviens avec vous, nous nous en fichons plus qu'un peu. Il fait clairement ce qu'il veut ce brave homme. S'il préfère être Belge plutôt que Français, c'est plus que totalement son choix. Ils nous ont bien pris Johnny.

C'est ça l'Europe, ma bonne dame. Nous sommes d'accord sur ce point...

Ou pas...

Qu'importe !


A la mode de Nothomb, Musso, Bussy, Lévy... ou encore de Werber (pour ne pas faire une trop longue liste), E-E sort chaque année ou presque son manuscrit.

Pourquoi pas, tant qu'il a un lectorat et de l'inspiration. Et ça, il n'en manque pas. Il a la particularité d'offrir des œuvres diverses: romans, essais, nouvelles, pièces de théâtre. Il aime varier les plaisirs et offre à ses lecteurs de petites nouveautés comme en 2005 lorsqu'il partagea avec nous sa vie avec Mozart. Chaque livre était accompagné d'un CD du généralissime compositeur.

Je me rappelle de ce livre car je l'ai offert à ma mère ce Noël-là. Elle qui, à l'époque, écoutait en boucle beaucoup de musique classique ne pouvait qu'aimer cette lecture.


Je n'ai jamais lu ce cadeau. J'avoue. Mozart ne m'a pas attirée. Pas plus que le nom de l'écrivain. Ce n'est donc ni l'aura de l'auteur, ni son image un peu people qui m'ont amenée à lire son opus de 2001, je cite "La part de l'autre".

Pourquoi celui-là et pas un autre ?

Cela peut paraître bizarre mais c'est le thème du livre qui m'a attirée. J'explique. Dans cette biographie très romancée et même fortement imaginée par l'écrivain, nous découvrons deux destins. Celui d'Adolf Hitler, tristement célèbre et de son double possible Adolf H. Qu'est-ce qui différencie les deux hommes ? Rien de prime abord. Ils portent le même nom, ont les mêmes parents, la même enfance, le même rêve d'adolescent. Ils veulent entrer à l'école des Beaux-arts de Vienne. Ils ne forment qu'un. Leurs mondes deviennent parallèles lorsque Hitler est recalé à l'examen d'entré de l'académie artistique.


Dans l'autre réalité, Adolf H. quant à lui est admis. Voilà comment la vie d'une personne peut basculer, comment les possibilités peuvent se limiter par un refus, un échec, une trahison, un mauvais choix. Mais ne nous méprenons pas. Les choix individuels des deux Adolf sont également déterminants. Alors que l'un se replie sur lui-même peu entouré et aigri par ses expériences de vie en communauté, l'autre découvre les joies de l'amour, est pris en charge par un médecin spécialisé dans les maladies du cerveau (sympa cette rencontre entre Adolf et Sigmund), se fait des amis. L'un reste dans la noirceur de son âme alors que l'autre développe toute son humanité...




Cette lecture ne fut pas facile et il m'a tellement fallu m'accrocher pour arriver au bout.


D'abord parce que je ne suis pas particulièrement sensible à la plume de monsieur Schmitt. Ensuite, parce que le sujet n'est pas un sujet joyeux.

La personnalité d'Hitler est plus qu'agressive et violente. Tout est tellement noir pour lui alors que pour Adolf H. tout (ou presque) semble en opposition si simple, si léger,... Cette nuance est vécue à l'extrême et m'a perturbé plus d'une fois. Difficile d'essayer de comprendre les motivations de cet homme à l'origine de tant d'atrocités.


Ensuite, parce que je vis une période plus que compliquée. Cette ambivalence entre bien et mal, choix de tous les possibles et acceptation de toutes facettes de ma personnalité me rendent plus que fragile. J'ai plusieurs fois voulu interrompre ma lecture. Et puis, une petite voix me disait de poursuivre pour savoir.

Le destin d'Hitler est connu.

Celui d'Adolf H. était à découvrir.


Je n'ai pas trouvé dans ce récit uniquement l'autre part d'un homme malade et rongé par un ego trop peu valorisé. Je n'ai pas vu que le dictateur sans âme. Je n'ai pas vu que l'artiste ouvert et chanceux qu'il aurait pu être. Ce que j'y ai surtout vu, c'est l'infinité de possibilités qui s'offrent à moi. Car comme en chacun de nous, je porte moi aussi la part de l'autre. Comme chacun de nous, c'est à moi de choisir ce que j'en ferai.


Jolie réflexion donc sur soi, sur les choix et leurs conséquences.

Jolie ouverture vers la plume d'un homme qui malgré une couverture médiatique importante gagne à être découvert au-delà des flashs.

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