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  • Photo du rédacteurKatia H

Lecture estivale: Le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux de Martha Hall Kelly

Mon dieu! Comme l'été est passé vite...Nous voilà déjà à la rentrée...parés pour 10 mois avant l'été. Les dernières semaines d’août furent chargées entre les derniers jours de vacances en amoureux (comme c'était bien) et l'aménagement de ma classe.

J'ai eu pas mal de temps pour écouter des audios entre le tri, le nettoyage, l'organisation, les caisses à vider,... La rentrée en première année s'est très bien passée. J'accueille cette année 25 asticots de 6 ans. Ils sont mimis. Ensemble nous allons apprendre plein de choses et notamment...la lecture! Yes! Je ne manquerai pas de vous partager quelques coups de cœur de littérature de jeunesse et si cela vous intéresse de vous montrer l'exploitation que je fais de ceux-ci.


Pendant les vacances de Noël, nous étions partis quelques jours prendre l'air du côté de Calais. J'avais eu l'occasion de me rendre dans la fameuse librairie/papeterie française Cultura. Pour les Belges qui ne connaissent pas, il s'agit d'un Club géant avec plein de bouquins mais aussi plein de jeux de société, de matériel de bricolage. Il y a même des instruments de musique. C'est dire! Donc, me voilà en visite au Cultura. Dur, dur de résister à la tentation et je suis sortie du magasin quelques (longues) minutes plus tard avec quelques livres. Dans cette pile de nouveaux livres à lire, il y avait le tout premier roman d'une auteure américaine Martha Hall Kelly.


Un petit bandeau rouge m'annonçait que Tatiana de Rosnay avait apprécié ce roman époustouflant. Tatiana de Rosnay a écrit un fabuleux roman: "Elle s’appelait Sarah". Mettre ce petit morceau de papier autour du livre était une excellente idée. Tout ceux qui ont aimé "Elle s'appelait Sarah" seront forcément attirés par cette recommandation de l'auteure. L'histoire de Sarah m'a fait passer par mille émotions et les larmes ont coulé. La période choisie est la même. Celle de la seconde guerre mondiale. Les horreurs vécues sont différentes mais tout aussi atroces. Cependant, un roman n'est pas l'autre. Le lilas de Martha Hall Kelly est tout aussi beau que le roman de Tatiana de Rosnay. Cependant, ils ne sont pas pareils. Cela donne une bonne raison de les lire tous les deux.


Martha Hall Kelly est donc une écrivaine américaine. Son récit, tout comme celui de sa consœur a été traduit en français. Peut-être est-ce ce qui le rend moins puissant que celui de Tatiana de Rosnay.

Je m'explique. Il est bien connu qu'il est préférable de lire un roman dans sa langue d'origine. La traduction est souvent très, très bonne. Cependant, le choix des mots, l'interprétation de ceux-ci peut modifier un texte, même de façon très subtile. Les émotions ressenties sont alors différentes. Je pense que c'est ce qui m'a empêché d'être profondément émue par le récit (bref en larmes). Il est vrai aussi que nous connaissons à présent beaucoup d'informations sur les atrocités commises par les Nazis pendant les années 1939-1945. Cela ne rend pas les faits décrits moins choquants mais malheureusement, lorsqu'ils sont connus, les événements sont plus facilement assimilables. L'effet de surprise n'est plus aussi frappant.


L'auteure nous présente trois jeunes femmes.

Une Américaine, Caroline.

Une Polonaise, Kasia.

Et une Allemande, Herta.

Toutes les trois vivent leur vie avec leurs joies et leurs peines. Elles ne se connaissent pas. Caroline est une ancienne actrice très impliquée dans les oeuvres de charité pour les petits orphelins français. Kasia est une jeune adolescente polonaise, très attachée à sa famille. Elle vit ses premiers émois amoureux. Herta envisage quant à elle des études de médecine. Malheureusement, dans les années 30 et sous le régime nazi, il n'est pas bon d'être une femme. Elle qui rêvait de sauver et soigner se retrouve avec un diplôme de dermatologue.


La seconde guerre mondiale éclate et emporte nos trois femmes dans la tourmente.

L'une est du côté des sauveurs, les Etats-Unis. L'autre des victimes, la Pologne et la troisième des bourreaux, l'Allemagne. Un véritable triangle de Karpman. Enfin, pas vraiment. Caroline et Kasia sont plutôt des guerrières. Des femmes de caractère. Caroline, de par son éducation et certainement son tempérament, sauve le monde ou du moins essaie de le sauver avec les moyens mis à sa disposition. Elle n'a de cesse de chercher des fonds, de trouver des solutions, de travailler au bien-être d'autrui. Caroline tombe amoureuse d'un acteur français. Le conflit européen les sépare. L'amour est un merveilleux moteur qui renforce encore les convictions de l'américaine.


De son côté, Kasia est plus naïve. Elle porte les idéaux de sa jeunesse à une époque où un seul idéal est autorisé, celui d'un fanatique à la petite moustache. Elle se retrouve intégrée à un réseau de Résistance et internée avec sa mère et sa sœur dans un camp de concentration tristement célèbre: Ravensbrück. Quant à Herta, ne s'épanouissant pas dans son métier et ayant du mal à pratiquer la médecine en tant que femme, elle répond à une petite annonce et part travailler à un projet du gouvernement allemand. Les destins des trois antagonistes vont se lier, se croiser et influencer leurs vies de façon indélébile.


Ce livre est extrêmement bien documenté. Martha Hall Kelly a pris soin de s'informer sur l'époque, sur les événements. Elle a visité les différents lieux. Caroline Ferriday est un personnage réel. L'action de cette femme n'est pas que fiction et mérite d'être connue, voir prise en exemple à notre époque égocentriste où les modèles de générosité manquent trop souvent. L'auteure ne nie cependant pas avoir inventé la romance entre Caroline et Jean. En effet, n'oublions pas qu'il s'agit d'un roman et que chaque héroïne vit avec plus ou moins de bonheur une histoire sentimentale. Attention cependant, cela ne rend pas le récit niais. Au contraire, aucune des histoires vécues n'est simple. Ces romances nous rendent juste encore plus proches de nous les différents personnages. Même les plus noirs d'entre eux.


Ce livre est juste et captivant. Les faits décrits sont parfois difficiles. Ils amènent à réfléchir. A la lecture de ce roman, je suis passée par de nombreuses émotions sans toute fois être profondément émue. D'abord la perplexité quant aux tenants et aboutissants du récit, ensuite à l'incompréhension face aux choix de certains personnages, à l'effroi vis à vis de certaines situations réellement inhumaines. Je ne m'attendais pas en achetant ce roman à apprendre autant de choses sur la deuxième guerre mondiale. Il est vraiment intéressant de découvrir de façon romancée des pans de vie (même fictifs) d'une époque révolue mais tellement présente dans l'Histoire de l'humanité.

Cependant, si vous êtes plutôt fan de documentaires ou d'essais, passez votre chemin.


Martha Hall Kelly a entre-temps sorti un deuxième roman. Il fait déjà partie de ma PAL. Je garderai certainement de cette lecture une petite pensée pour les "lapins" de Ravensbrück lorsqu'au printemps je sentirai à nouveau le doux parfum des lilas.



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